Au coeur d’une ville locale (Clermont-de-l’Oise), une association nommée Clermont Loisirs Animation Jeunesse (CLAJ) réunit, pendant 2 jours, une musique expérimentée par les années, des talents locaux méconnus heureux de trouver une scène accueillante et des têtes d’affiche musicales capables d’aimanter des passionnés venus des divers coins de l’Hexagone. Advenir un Festival de Printemps nommé les Zicophonies, une petite institution de la chanson française devenue grande à un mois de la Fête de la Musique, signe sans concession une illimitée passion pour la découverte, l’impérieuse idée de partager, la nécessité d’amener dans une seule et même salle 17 groupes distincts.
Le résultat effeuille, depuis 21 ans maintenant, les notions de « petits » groupes et de « grands » artistes : la musique est une. L’union rêvée des publics opérait de nouveau les 20 et 21 mai 2016 derniers. Au programme du premier jour des festivités, le rock pop de Full Audio Tune précédait le pop rap de Bigflo & Oli. Si l’aura médiatique différencie les deux noms de scène, la générosité de leur prestation constitue l’atout de leur présence.
Full Audio Tune, l’essai local
En première partie, les Zicophonies 2016 s’ouvraient sur une des visées principales mises en oeuvre depuis 21 éditions : renouveler une confiance musicale passée, présente et future avec les formations extra-locales. Ainsi, après une prestation en 2015, les quatre musiciens du groupe Full Audio Tune une scène connue tout en poursuivant sa conquête du public.
Rock inspiré par des exaltantes sources lorgnées du côté du hard-rock des années 1960/1970, la voix principale rappellera certains titres de Kings of Leon. En Anglais, les chants prenaient le risque de transformer l’attente publique en une impression à rebrousse-poils. En définitive, l’ambiance s’est confirmée dans un accueil raisonnable. Aux oreilles d’un novice, le motif et les paroles s’impriment à grande vitesse dans un confort musical uniforme. Pour mettre en valeur leurs compositions, peut-être qu’une plus grande variation dans les rythmes et des ruptures dans le jeu modifieraient l’impression en question. La finalité serait alors de souligner l’effet de surprise nourri et revendiqué par Full Audio Tune. (Led Zeppelin ou Queens of the Stone principalement.) Au bout d’une heure de musique, régnait une bienveillance polie à l’égard de morceaux entre pop et hard rock.
Contrairement à d’autres scènes, le temps dédié aux loges se réduit voire est quasi inexistant. Descendus sur scène, chaque membre de cette première partie se mêlait volontiers aux spectateurs déjà installés fermement au bord de la scène pour … Bigflo & Oli.
Bigflo & Oli, un duo fédérateur.
Ne pas connaître Bigflo & Oli, c’était se placer dans une minorité rare parmi les festivaliers. Au fil des 2h30 de concert offertes par le duo, les portrait ont fini par se préciser au gré de leurs pistes. Rappeurs à l’écoute, les deux frères toulousains se définissent volontiers à travers le jazz, des éclats électroniques mixés ou à l’aide de solos instrumentaux plus traditionnels au piano, à la trompette ou à la contrebasse. (* C’est pas du Rap)
Autour de paroles non égocentriques, le duo implique les uns et les autres à un débit impressionnant, aisé et parvient à souder différentes franges d’auditeurs. (* J’attends la vague) Pour beaucoup, l’expérience se vivait en choeurs avec un léger temps d’avance sur les paroles officielles issues de leur premier album La Cour des Grands. (L’exemple avec Nik ta mère, un refrain sec et séquence mémorable.) Au devant de la scène ou au milieu d’anonymes devenus soudainement proches, tous deux donnaient de leurs personnes et tenaient les promesses de leur répertoire : « on se retrouve en concert(s). » (* Le rap avant la tempête #2)
Accentuer la part instrumentale quitte à proposer des versions différentes et toujours aussi pulsées par l’électronique, personnaliser certaines lignes de chants en fonction du lieu de concert, Bigflo et Oli consolidaient un capital sympathie déjà acquis. De fait, la démonstration scénique s’associait en toute simplicité à des morceaux pensés autrement en version studio. (* Sur la piste Raccroche, deux personnes avaient l’insigne honneur d’être sur scène. )
La tournée de leur premier CD La Cour des Grands atteint un point d’équilibre passionné et passionnant : en se dotant du goût du spectacle, les deux auteurs-compositeurs et leurs musiciens invitent à soutenir une écriture émotionnelle où leur vie et celle des spectateurs sont évoquées à parts égales. (* Comme d’hab’)
Une adhésion respectueuse, agréable, motivée et emplie de risques à donner naissance à des instants mémorables dans un festival dédié, à ses origines, au rock. Au soir des premiers concerts, les bonnes impressions n’ont pas cessé d’être confirmées au cours de deux jours de découvertes.
Atouts et apports des Zicophonies 2016.
Les salles provinciales ont un charme difficilement retrouvable ailleurs. La programmation à elle seule traduit cela : malgré des salles parisiennes remplies, les 20 et 21 mai créaient un contact humblement intime. Être et paraître face à une marée humaine s’apprend : après avoir écumé leurs répertoires, chaque musicien se fondait parmi les auditeurs. Se rencontrer n’est plus un terme abstrait : il devient une réalité.
Dès lors, la suite logique est d’encourager de tels moments : si le CD des Zicophonies 2016 était offert, l’achat de La Cour des Grands de Bigflo et Oli confirme ma fidélité à une belle et audacieuse surprise de la 21e édition du Festival. Lors du second jour, le groupe Oldelaf a fédéré des centaines d’amateurs. Pourtant, malgré un succès massif parmi les plus importants des deux jours de concerts, être plébiscité, acclamé et apprécié n’a pas empêché d’être au plus proche des individus pour quelques dédicaces en souvenirs de ces excellents moments.
Le deuxième concert détaillé sur le Blog LaMaisonMusee.com (Le 1er était dédié à Oxmo Puccino il y a quelques années.) trace une continuité recherchée : prouver qu’il existe ici et là des initiatives accessibles, surprenantes, prometteuses et dédiée entièrement à la musique. La 22e édition des Zicophonies connaît déjà une date : rendez-vous les 19 et 20 mai 2017 !
>> Pour suivre Full Audio Tune sur Facebook et SoundCloud.
>> Plus d’informations sur les Zicophonies sur Facebook et l’association CLAJ
Bonjour, je découvre votre blog et votre écriture.
Merci beaucoup pour ce report de festival.
Vos impressions sont exactement celles que nous cherchons à provoquer.
Vous l’écrivez mieux que nous ne pourrions le faire.
Merci d’être venu et nous sommes ravi que notre projet vous plaise.
Merci de donner envie aussi aux autres de venir nous découvrir.
A bientôt
Merci pour votre témoignage, vos retours affectueux. Il est toujours très plaisant d’avoir des écrits de cet impact. Surtout lorsqu’ils viennent des organisateurs eux-mêmes. Rendez-vous bientôt pour de prochains événements musicaux avec grand plaisir !
Sympa l’initiative, joli billet, ça donne envie 🙂
(Mais bon, j’aime pas le rap, chuuut ! 😉 )
Merci ! Il n’est peut-être pas tard pour pencher son oreille du côté des nouveautés. Il existe des formes de plus en plus actuelles du rap. Aux Etats-Unis, la multiplication des genres et des affiliations au hip-hop a largement dénoué la question. En France et en Europe, il reste encore certaines idées difficiles à ôter. (Et l’envie de tout étiqueter et tout catégoriser n’aide pas à décoincer la situation.)
C’est loin de chez moi mais c’est bien sympa !
Bises.
En train, la ville de Clermont de l’Oise accueille tout le monde ! 🙂 L’initiative se renouvelle chaque année avec une motivation et une organisation sans faille. La raison même de l’article est là. 🙂